mardi 8 mars 2011

Roman " Jusqu'au bout y'a l'enfer "



Chapitre II
Piégé.

Epicure a écrit :
« personne, voyant le mal, ne le choisit, mais attiré par l’appât d’un bien par un mal plus grand que celui-ci, l’on est pris au piège. »

Le lendemain, en fin d’après midi, trois voitures d’escortes s’arrêtèrent devant l’entrée de la prison fédérale de Montréal. Paul et Caroline ont été chargés de la sécurité pendant le transfert du détenu Eddy Wilson. Ce dernier était recherché par les autorités françaises où il devait passer devant le tribunal, accusé de cinq homicides.
- Prends tes affaires, dit la voix du jeune gardien au détenu. Tu es transféré.
Le prisonnier ne sembla pas surpris, au contraire. Sifflotant, il se leva de son lit, se dirigea au fond de la cellule où se trouvait un petit sac déjà prêt, à la grande surprise du gardien, qui le regardait d’un air étonné.
Avant d’ouvrir la cellule, il lui demanda de se retourner et de se mettre face au mur. Le prisonnier s’exécuta. Le jeune gardien attendit que son collègue le rejoigne pour se décider à ouvrir, puis il entra sous les yeux de celui-ci, qui resta à l’extérieur, surveillant les moindres faits et gestes du détenu. Il lui mit des menottes, le prit par les épaules et l’accompagna jusque dans les bureaux d’administration où se trouvaient déjà Paul et Caroline.
Caroline signa la décharge pendant que Paul s’occupait du prisonnier.
- Hummm, enfin une femme, chuchota Eddy en s’approchant d’elle.
- Avance, intervint Paul, froidement, en le tirant par le bras.
- Eh, oh, doucement ! rétorqua celui-ci, ironiquement.
- Avance, petit merdeux,  s’exclama Paul en lui jetant un regard glacial par-dessus son épaule.
- Enfoiré, marmonna ce dernier.
- Quoi ? demanda Paul, en s’arrêtant soudainement de marcher.
Au même moment Caroline les rejoignit :
- Laisse tomber, Paul, dit-elle, en prenant les devant.
Le détenu souriait de plus belle.
Caroline ouvrit la portière, demanda au détenu de baisser la tête, avant de le faire monter, et lui claqua la portière au nez, tout en le fusillant du regard.
Paul prit le volant et démarra en trombe. Les deux autres voitures d’escortes en firent autant.
En chemin, Caroline sentit que Paul était anxieux.
- Qu’est-ce qui se passe ?
- Rien !!!  répondit-il en jetant un regard dans le rétroviseur.
Il aperçut, alors, un sourire ironique sur les lèvres du prisonnier.
- Tu ne veux vraiment pas me parler, ou quoi ? chuchota Caroline. Depuis hier, tu n’as pratiquement pas dit un mot… J’ai dit ou fait quelque chose ?
Il n’écoutait pratiquement pas ce que son équipière lui disait. Le comportement du prisonnier le laissait perplexe. Après quelques instants, il détourna son regard de celui-ci et se tourna brièvement vers Caroline, tout en continuant de rouler.
- C’est Anne, finit-il par dire. Je ne sais pas ce qui se passe en ce moment…
- Tu peux être plus clair ? demanda- t-elle, intriguée.
- Elle a rechutée !
- Merde !
Ils arrivèrent au croisement Brossard.

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Au même moment deux camionnettes venaient de s’engager dans la 10 E.
- Accélère, ordonna le passager au conducteur du premier véhicule.     
Celui-ci regarda sa montre, puis répondit calmement en continuant de regarder devant lui:
- Vaut mieux éviter de se faire repérer !
Ni Paul, ni Caroline, n’avaient remarqué la camionnette en stationnement, ni celle qui arrivait sur eux à toute vitesse.
Quelques secondes plus tard, elle percuta leur voiture, sur le côté.
Alors qu'ils arrivaient près de la deuxième voiture noire métallisée, un coup de feu retentit. Caroline sursauta et jeta un regard inquiet vers Paul. Au même moment, la voiture d’escorte numéro trois fût touchée et s’enflamma.
Paul tenta de freiner et la voiture se mit à tanguer et à zigzaguer. Puis, le véhicule les rattrapa et leur donna un autre coup de volant, que Paul ne put éviter. Il ne détourna pas son regard de la route pendant que Caroline demanda du renfort par talkie-walkie.
- « Central, ici Alpha 5, nous sommes poursuivi par deux camionnettes, des BMW série V3, noire métallisée. Notre position est : la 10 E, je répète la 10 E … On se dirige vers l’Aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau. Ils sont armés, je répète ils sont armés.
- Alpha 5, ici central, on vous envoie un hélico et des renforts le plus vite possible.

L’agent Berwick attrapa le combiné et aboya les ordres à suivre à ses collègues :
- Dites au commandant de l'hélico que ce sont des BMW série V3, ils sont armés, et envoyez sur le champ des voitures du commissariat le plus proche à sa poursuite, transmettez leur les coordonnées de leur emplacement par GPS ! Et plus vite que ça bordel !
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Du côté de Paul, la gomme des pneus commencée à brûler.
- Accroche toi et surtout protège-toi le visage, lança-t-il à son équipière.
Puis il lâcha la pédale de frein. Les pneus crissèrent, la voiture resta un instant sur place puis finit par décoller. Caroline se recroquevilla et se protégea la tête avec ses bras. Un coup de feu retentit, le pare-brise venait d'être touché, et il explosa un millier de morceaux de verre. Caroline laissa échapper un cri de terreur. Il accéléra encore. Aucune issue possible pour échapper à ses criminels. Il essaya de maintenir l’équilibre des roues et d’éviter les voitures qui arrivaient dans le sens opposé, mais en vain.

Ils heurtèrent le camion qui arrivait droit sur eux !

Un choc d’une extrême violence !  La voiture de Paul se détacha et commença à glisser sur une trentaine de mètres, pour finir par s’arrêter. Bien que fortement secoués, les trois passagers étaient vivants. Paul sortit le premier tant bien que mal hors de la voiture en se précipitant pour extirper Caroline, qui fût touchée à la tête, après avoir heurté plusieurs fois la portière. On entendit des crissements de pneus, suivis d’accrochages de plusieurs véhicules.
- Vite ! Sors de là, lança Paul à Caroline, d’une voix essoufflée.
Une fois celle-ci hors de danger, il en fît de même pour sortir le prisonnier.
La voiture qui les poursuivait arriva au même moment et s’arrêta à quelques mètres d’eux.
Paul prit son arme en maintenant Eddy de son autre main.

Au même moment, Caroline se releva, péniblement, avec une douleur atroce qui lui martelait la tête.
En voyant les hommes armés, elle sortit son arme et visa en direction du conducteur.
Le passager tira dans sa direction tandis que le conducteur fit marche arrière pour s’arrêter quelques mètres plus loin…
Elle évita les balles en courant se réfugier derrière leur voiture. Paul pointa son arme sur la tempe d’Eddy.
- Donne l’ordre à tes « chiens » de jeter leurs armes, dit-il en se tournant vers le détenu.
- Jamais de la vie !
- Crois-tu que tu es en position de négocier ?
- Et toi ? Va en enfer ! jura son rival.
- Mais on y est déjà.

Inondé de colère, Eddy frappa violemment celui-ci d’une droite en plein visage, suivie d’une autre. Ce dernier s’effondra à terre. En essayant de se relever, il retomba. Eddy lui mit cette fois un coup de pied au ventre, et lui envoya son pied au visage. Un deuxième coup, puis un troisième, avant de lui envoyer un coup de tête, Paul était au sol, saignant du nez. Caroline voulut aussitôt lui porter secours, mais il lui donna un coup avec son épaule droite et lui fît un croche pied qui la projeta brutalement en arrière.

Elle vint s'écraser contre la voiture. Sa tête heurta violemment le coffre arrière. Paul se releva à son tour et sauta sur le détenu. Une lutte acharnée s’engagea entre les deux hommes.

Caroline les observa pointant son arme dans leur direction sans pouvoir intervenir et ce n’est que quand elle entendit le bruit d’un hélicoptère qui survolait au-dessus d’eux et les sirènes des voitures de police, qu’elle se précipita vers les deux hommes.

- La cavalerie arrive, hurla t-elle. Lâche-le immédiatement.

Ce dernier se rendit en voyant qu’il n’avait aucune chance de s’en sortir. Paul, fou de rage en profita pour reprendre son arme tombée à terre et se relever pour la pointer à nouveau sur Eddy.  

- C’est fini, dit-elle en s’approchant d’eux.

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Dans l'hélicoptère qui suivait de près les deux véhicules, un homme chargea un fusil à lunette. Il tapota l'épaule de son coéquipier qui était aux commandes de l'engin et celui-ci descendit lentement l'appareil vers le sol. Le policier accrocha l'harnais de sa ceinture à la sangle qui était attaché à l'hélicoptère puis ouvrit la porte coulissante de ce dernier, un grand souffle d'air s'engouffra dans l'appareil. Le pilote enclencha la radio et appela le central ;
- Ici Alpha 3, nous attendons l'ordre de tirer.
- Alpha 3, ici Central. Vous avez le feu vert, je répète, vous avez feu vert, répondit un des policiers.

Quelques secondes plus tard, l’hélicoptère avait neutralisé les deux BMW et plusieurs voitures de police arrivèrent sur les lieux, bouclant tout le périmètre.

Mouna Toujani