A lire avec cette musique:
Hier soir, elle s’était vu tout détruire, elle s’était vu
devenir une autre personne, la haine était si grande, son emprise si
enivrante... Hier soir, elle crut que son monde s'effondrait, que tout allait
disparaître, elle avec... Hier soir, elle avait perdu confiance, l'envie, la
force... Elle avait perdu tout ce qui la définissait... En une fraction de
seconde, en à peine une fraction de seconde, elle s’était perdue...
Pourtant...
Assise sur la terrasse, tentant de ne pas réfléchir, se
laissant enivrer par la fraîcheur de l'air, appréciant la nicotine qui faisait
corps avec elle... Ambre reprenait son souffle, apprivoisait son anxiété qui
faisait de sa tristesse une amie...
La ville était endormie, à défaut de ce corps sans vie, de
cet esprit alerte... La ville était endormie, à défaut d’elle qui ne trouve une
fois de plus pas le sommeil... Soudain, le bruit du téléphone se fit entendre.
C’était Martine :
- Allo ?
- Ambre? C'est moi...
- Ambre? C'est moi...
Elles n’avaient pas besoin de long discours, ni de grandes
phrases toutes aussi barbantes les unes que les autres... A contrario de
communiquer par le regard, le silence était de mise. Et Dieu sait qu’Ambre
aimait ces silences, ces silences si éloquents, si précieux, si dévastateurs, si
puissants... La ville est endormie à défaut d’Ambre, mais bien plus encore à
défaut de Martine...
- Que j’aime entendre cette voix.
- Je n’arrivais pas à trouver le sommeil, chuchota Martine.
Je m’inquiète tellement pour toi…
- Je ne dormais pas non plus…
Elle était le seul lien qui les unissait encore, la seule
qui avait su rester dans sa vie, celle qui lui parlait de Robert, celle qui comblait
les silences quand elle ne trouvait plus rien à dire, qui la rattachait à la
vie, qui prenait le soin d'effacer les mensonges, de crier la vérité sans prononcer
son nom, sans rentrer dans les détails... Elle avait été celle qui lui avait
annoncée les coups durs qu’elle devait affronter. Elle était le rocher sur
lequel elle se reposait lors de terribles tempêtes...
- Ambre, tu es toujours la ?
- Oui.
- Je passerai vous voir bientôt.
- Oui.
- Je passerai vous voir bientôt.
- Je t’aime.
- Moi aussi, Ambre… moi aussi, souffla-t-elle avant de
raccrocher.
Cette nuit là, Ambre se demandait si Robert connaissait ce
vœu immuable, ce vœu bien trop puissant, ce cri aigu d'une envie, cette
sensation bien trop dévorante au creux de son échine ? Connaissait-il ce vœu de
revivre ces moments d'extase, de transe, ces moments qu’on chérit d'une telle
force, ces moments où la joie parcourait si violemment nôtre corps tout
entier... Connaissait-il.. Ce désir de revenir en arrière, de stopper la course
effrénée d'un présent pour replonger dans un passé. Connaissait-il, cette envie
que rien ne peut combler ? Ambre la connaissait bien trop, elle connaissait
bien trop cette force qui nous propulse dans les plus infimes recoins de nôtre
esprit, à la recherche d'un souvenir, d'un bout de quelque chose qui fut jadis
une réalité... Elle connaissait bien trop ça... Bien trop fort…
C'est fou comme l'air lui paraissait différent, comme les gens lui paraissaient sans vie... C'est fou comme, elle se sentait troublée, frêle, tremblotante... Ce n'était que la fin de quelque chose, l'acceptation de la fin de ce quelque chose qu’elle n'osait prononcer, ce n'était qu'une rencontre parmi tant d'autres, ce n'était qu'une vie... Sans lui, avec lui, près de lui, loin de lui...
C'est fou comme l'air lui paraissait différent, comme les gens lui paraissaient sans vie... C'est fou comme, elle se sentait troublée, frêle, tremblotante... Ce n'était que la fin de quelque chose, l'acceptation de la fin de ce quelque chose qu’elle n'osait prononcer, ce n'était qu'une rencontre parmi tant d'autres, ce n'était qu'une vie... Sans lui, avec lui, près de lui, loin de lui...
Mouna Toujani
Mouna Toujani
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