Chapitre VI
« En mémoire de
nous »
Elle voulait raconter son histoire au reste du monde
simplement pour qu'il ait la définition exacte de l'amour, de la passion, de
l'addiction. Elle voulait retracer votre début, chaque infime journée qui a
fait de vous un couple. Chaque minute, chaque seconde... Ce début si maladroit,
ce milieu si passionnel, cette fin si douloureuse... votre fin.
Fin Septembre 1984 : tout commença 24 ans plus
tôt.
Assise seule à une table d’un café dans Paris, ville de
rêverie, une jeune femme brune, du nom d’Ambre Ben Yedder, la vingtaine aux
cheveux long, noir et bouclés, lisait avec avidité « Laila et ses confidences
». Elle en connaissait déjà l'histoire, ayant oublié seulement les détails, pour
l'avoir déjà lu plusieurs fois. Mais elle avait trouvé dans la lecture un
refuge contre les pensées maussades qui avaient tendance à l'assaillir ces
derniers temps. Perdue dans les lignes, soudain, elle entendit une voix
masculine dire derrière elle :
- Je t’observe depuis plus d’un quart d’heure et … commença
t-il puis il se tut.
- Et ? demanda-t-elle intriguée en se retournant.
- Je voulais juste te dire que tu es merveilleusement belle
quand tu rêves…
Elle s’étonna de son audace ! Un homme se tenait debout
devant elle, l’air décontracté, il portait un blue-jean, un tee-shirt noir et
tenait un journal dans sa main droite. Ses lunettes noires l’empêchèrent de
voir la couleur de ses yeux. Il était beau, attirant, intrigant… Cela la
perturba et son cœur s’emballa.
- Un autre café ? demanda-t-il avec un sourire
charmeur.
Elle se mit à son tour à sourire intérieurement. Elle
l’observa, le dévisagea. Essayant de calmer son esprit en prenant un ton plus
arrogant pour répondre à son invitation.
- Non, merci ! répondit-elle, en essayant de paraître le
plus ferme possible.
Elle baissa instinctivement la tête.
- Tu es sûre de ne rien vouloir boire ? réitéra-t-il, d’une
voix insistante devant son refus. Même pas un verre d’eau ?
Elle releva la tête et vit son regard insistant :
- Merci !
Elle prit le verre d’eau qu’il lui tendit. Sa main toucha la
sienne. Retenant sa respiration le temps que dura le frôlement pendant lequel
ses doigts avaient langoureusement parcouru sa main. Il le fit exprès, ce fut
une évidence ! Il comprit qu’elle fut gênée par sa démarche, alors il s’approcha
plus près d’elle, et d’une de ses mains, il lui releva son menton, la regardant
droit dans les yeux :
- Que fais une jolie femme telle que toi seule dans un café ? lança-t-il en jetant un regard circulaire autour de lui.
- J'aime la solitude ...
Il sourit, tandis qu’elle le regarda, incrédule, s'asseoir à ses côtés.
- Je vous en prie, installez-vous, siffla-t-elle avec ironie sans cacher son ressenti.
Il ne lui prêta guerre attention, posa son journal d’un air amusé contrastant avec l'indignation qui teinta le visage d’Ambre, et ce fut pour lui poser une nouvelle question.
- Tu es froide avec moi seulement ou ?
- Par principe, lâcha-t-elle sans réfléchir. Vous accostez les gens sans pudeur, sans gènes, et vous ne paraissez même pas vous rendre compte que je ne suis pas impressionnée par votre manque de tact. Et une dernière chose, je pense qu’il est temps pour vous de passer votre chemin !
- C'est tout ?
- Non, répondit-elle exaspérée. Vouloir me parler n'est pas l'idée la plus brillante que vous ayez eu !
- Tu crois qu'en jouant la fille blasée, tu vas me faire fuir ?
- Je ne ... Quoi ? Blasée, moi ?
- Oui, blasée. Ce n'est pas parce que ta vie sentimentale doit être un fiasco que tu vas détruire celle de tous les types que tu croises.
Estomaquée, elle le dévisagea, ne sachant quoi répliquer.
- C'est une blague ? Vous êtes vraiment en train de me juger, alors que l'on ne s'est jamais adressé la parole ? C'est quoi ce plan ?
Elle sentit la colère monter en elle, telle une marée dont elle tenta de contenir les flots. Lui, ne sembla pas se rendre compte de sa rage naissante, ou alors il feinta de l'ignorer avec une habileté remarquable.
- On s'est parlé, il y a deux semaines tu t’en souviens ? Tu étais presque aussi chaleureuse qu'aujourd'hui, poursuivit-il avec ironie devant mon mutisme, c'est sans doute pour cela que tu l'as oublié. A moins que tu ais préféré jeter ce souvenir à la trappe parce que tu avais abandonnée pendant un instant ta fierté ?
Masquant tout accès de colère, elle rangea son livre dans son sac, froissant au passage une feuille volante qu’elle n'avait pas pris le temps de ranger, et enfila son manteau.
- Je suis désolé, je ne voulais pas dire quoi que ce soit qui puisse te blesser.
Elle aurait voulu le tuer sur place.
- Alors abstiens-toi de jouer au mec compréhensif. Ce n'est pas parce qu'on s’est croisé quelque part que je dois m’en souvenir et je n’aime pas qu’on vienne m'emmerder.
- Que fais une jolie femme telle que toi seule dans un café ? lança-t-il en jetant un regard circulaire autour de lui.
- J'aime la solitude ...
Il sourit, tandis qu’elle le regarda, incrédule, s'asseoir à ses côtés.
- Je vous en prie, installez-vous, siffla-t-elle avec ironie sans cacher son ressenti.
Il ne lui prêta guerre attention, posa son journal d’un air amusé contrastant avec l'indignation qui teinta le visage d’Ambre, et ce fut pour lui poser une nouvelle question.
- Tu es froide avec moi seulement ou ?
- Par principe, lâcha-t-elle sans réfléchir. Vous accostez les gens sans pudeur, sans gènes, et vous ne paraissez même pas vous rendre compte que je ne suis pas impressionnée par votre manque de tact. Et une dernière chose, je pense qu’il est temps pour vous de passer votre chemin !
- C'est tout ?
- Non, répondit-elle exaspérée. Vouloir me parler n'est pas l'idée la plus brillante que vous ayez eu !
- Tu crois qu'en jouant la fille blasée, tu vas me faire fuir ?
- Je ne ... Quoi ? Blasée, moi ?
- Oui, blasée. Ce n'est pas parce que ta vie sentimentale doit être un fiasco que tu vas détruire celle de tous les types que tu croises.
Estomaquée, elle le dévisagea, ne sachant quoi répliquer.
- C'est une blague ? Vous êtes vraiment en train de me juger, alors que l'on ne s'est jamais adressé la parole ? C'est quoi ce plan ?
Elle sentit la colère monter en elle, telle une marée dont elle tenta de contenir les flots. Lui, ne sembla pas se rendre compte de sa rage naissante, ou alors il feinta de l'ignorer avec une habileté remarquable.
- On s'est parlé, il y a deux semaines tu t’en souviens ? Tu étais presque aussi chaleureuse qu'aujourd'hui, poursuivit-il avec ironie devant mon mutisme, c'est sans doute pour cela que tu l'as oublié. A moins que tu ais préféré jeter ce souvenir à la trappe parce que tu avais abandonnée pendant un instant ta fierté ?
Masquant tout accès de colère, elle rangea son livre dans son sac, froissant au passage une feuille volante qu’elle n'avait pas pris le temps de ranger, et enfila son manteau.
- Je suis désolé, je ne voulais pas dire quoi que ce soit qui puisse te blesser.
Elle aurait voulu le tuer sur place.
- Alors abstiens-toi de jouer au mec compréhensif. Ce n'est pas parce qu'on s’est croisé quelque part que je dois m’en souvenir et je n’aime pas qu’on vienne m'emmerder.
Sans lui jeter le moindre regard, elle quitta le café après
avoir laissé quelques pièces sur la table.
Prenant le chemin de l’appartement de Martine. Elle tenta
vainement de garder son calme, essayant d'oublier les quelques mots que cet
inconnu venait de lui balancer. Elle n'avait pas l'habitude qu'une autre
personne que sa meilleure amie lui crache des telles vérités en pleine face.
Mais lui, il lui inspirait une telle colère. Sous ses airs de mec un peu paumé,
il avait une façon d'observer les autres à leur insu, et elle en avait fait les
frais. Ou du moins c'est ce qu’elle pensa, au vu du peu qu'il avait deviné de
sa vie à l'issus de leurs quelques paroles échangées. Au fond il devait penser
que son action était louable. Avec quelqu'un d'autre peut-être, mais elle avait
un profond mépris envers toute forme d'attendrissement.
Elle courut presque à présent. Une pluie bruineuse donnait
du ressort à ses ondulations, et elle passa sa hargne en observant avec un
malin plaisir les filles qui se pressaient sous leur parapluie pour masquer
leur brushing impeccable.
Cette rencontre avait pendant des jours et des nuits troublé sa vie. Elle le voyait sans cesse son visage. Ne cessant de penser à cet inconnu arrogant, certes et, aussi stupide que cela puisse paraître, ce n’était plus un étranger pour elle mais bel et bien un homme avec lequel elle s’endormait et se levait tant il la hantait. Puis les mois s'étaient écoulés, elle passait ses journées à écrire : il fallait qu’elle avance. Son seul but étant de pouvoir réaliser ce rêve qui lui tenait tant à cœur.
Cette rencontre avait pendant des jours et des nuits troublé sa vie. Elle le voyait sans cesse son visage. Ne cessant de penser à cet inconnu arrogant, certes et, aussi stupide que cela puisse paraître, ce n’était plus un étranger pour elle mais bel et bien un homme avec lequel elle s’endormait et se levait tant il la hantait. Puis les mois s'étaient écoulés, elle passait ses journées à écrire : il fallait qu’elle avance. Son seul but étant de pouvoir réaliser ce rêve qui lui tenait tant à cœur.
Mouna Toujani
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